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Tibet

Au recensement de l'an 2000, le nombre de Tibétains dans l'ensemble de ces régions était de 5 020 000, selon le bureau des statistiques de la Chine, et d'environ 6 millions selon le gouvernement tibétain en exil à Dharamsala (Inde). La Région autonome du Tibet comptait 2,2 millions d'habitants. Quelque 150 000 Tibétains vivent actuellement en exil, principalement en Inde. Certains quittèrent le Tibet en 1959.


La superficie du Tibet varie de 1 221 600 km2 pour la Région autonome du Tibet (qui correspond à peu près au Tibet indépendant de facto entre 1912 et 1950, mais est plus réduite que celle du territoire administré par les dalaï-lamas sous la dynastie Qing) à 2 500 000 km2 pour le « Tibet historique » ou « Grand Tibet ». La population de la Région autonome comptait 2 616 000 habitants en 2000. La capitale historique qui, traditionnellement, concentre l'autorité religieuse et temporelle du Tibet, est Lhassa.

Drapeau_du_TibetLe drapeau du Tibet, créé par le 13e dalaï-lama en 1916, a été proscrit par la République populaire de Chine en 1959, neuf ans après l'intervention militaire chinoise. Il est aujourd'hui l'emblème du gouvernement tibétain en exil. Ce drapeau s'inspire des motifs de drapeaux antérieurs utilisés par les régiments tibétains, en particulier la figure du lion des neiges, laquelle

remonterait au règne du roi du Tibet Songtsen Gampo au VIIe siècle46.
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle et au début du XXe siècle, une situation de concurrence se développe entre la Russie et la Grande-Bretagne, cette dernière cherchant à contrôler le Tibet depuis l'Inde, et la Russie cherchant à l'en empêcher pour maintenir son influence en Asie centrale.

En 1904 le Gouverneur général des Indes britannique, lors de ce qui mena à une expédition militaire britannique au Tibet, jugea que la Chine ne disposait d'aucun pouvoir ou autorité sur le gouvernement tibétain. L'expédition militaire, conduite par le colonel Francis Younghusband, écrase dans le sang en 1904 la défense tibétaine et les Britanniques s'imposent au Tibet et s'y attribuent des privilèges commerciaux et diplomatiques.

À la suite des réactions internationales et du mécontentement de l'opinon publique en Angleterre, le traité est rapidement remis en cause et réaménagé, notamment avec le traité sino-anglais de 1906 ou traité de Pékin par lequel il n’y aura pas d’occupation anglaise du territoire tibétain, l’indemnité de guerre se règlera en trois fois et les Britanniques réaffirment la suzeraineté de la Chine sur le Tibet.

En 1908, la Chine, profitant du départ des troupes britanniques, envahit le Tibet pour en reprendre provisoirement le contrôle en tant que puissance suzeraine, jusqu'à la révolution de 1911 qui marque l'effondrement de l'Empire Qing et l'installation de la République de Chine. Cette invasion entraîne la fuite en Inde du 13e dalaï-lama qui est déposé par la Chine.

Les troupes et les autorités officielles chinoises seront expulsées du Tibet en 1912 par les Tibétains.

En 1912, à la suite d'une lettre de Yuan Shikai souhaitant restaurer le rôle du dalaï-lama, celui-ci répond qu'il ne demande aucun titre du gouvernement chinois car il entend exercer son pouvoir spirituel et temporel au Tibet. Cette lettre est considérée comme une déclaration d'indépendance. Le 13e dalaï-lama proclame publiquement puis par un édit le 14 février 1913 l'indépendance du Tibet.

En 1950, l'Armée Populaire de Libération pénètre dans la région tibétaine orientale de Chamdo et rencontre peu de résistance de la part d'une armée tibétaine faible et mal équipée.

Le 23 mai 1951, des représentants du Dalaï-lama signent à Pékin l'Accord en 17 points ( qui ne sera d'ailleurs jamais tenu ) sur la libération pacifique du Tibet, sous la menace d'une poursuite de l'avancée de l'APL.

En 1954, le 14e dalaï-lama, le 10e panchen-lama et le 16e karmapa se rendent à Pékin pour discuter de la question du Tibet avec Mao Zedong. Lors d'une entrevue avec le dalaï-lama, Mao lui donne l'assurance que l'identité tibétaine sera respectée et qu'aucune grande réforme ne sera entreprise au Tibet pendant six ans.

En 1956 a débuté à Litang dans le Kham une révolte des Tibétains, appuyée par la CIA contre l'occupant chinois, qui s'est étendue aux autres secteurs du Kham, puis en 1957 et 1958 dans les secteurs de l'Amdo, en 1958/59, dans le Ü-Tsang, la Région autonome du Tibet, avant de s'étendre à l'ensemble du territoire. En 1959, l'insurrection qui éclate à Lhassa,  pousse le dalaï-lama a fuir le Tibet pour se réfugier en Inde. Il sera suivi d'environ 100 000 Tibétains. Cette révolte armée, menée avec l'aide de la CIA, fut sévèrement réprimée par le gouvernement chinois.

La CIA, dans la visée anticommuniste des États-Unis, apportent leur soutien à la guérilla tibétaine opposée au parti communiste chinois, entraînent les guerriers tibétains, leur livrant des équipements militaires, et incite le dalaï-lama à s'exiler en Inde.

Le nombre de victimes tibétaines de ces différents conflits, un important sujet de désaccord entre la Chine et le gouvernement tibétain en exil, est généralement estimé à plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Selon Amnesty International, depuis 1987, plus de 214 tentatives de manifestations pour l'indépendance ont été réprimées et les manifestants arrêtés expédiés dans des camps de travail. Tous ont été condamnés à des peines allant de 3 à 20 ans de prison.

Selon Marcelle Roux, présidente de l'association France-Tibet, alors que Hu Jintao était le responsable politique au Tibet en 1989, la répression d'une manifestation de Tibétains fit plus de 400 morts. En 1990, une estimation de plus de 450 personnes tuées par les forces de sécurité avait été donnée par Tang Daxian, un journaliste chinois dissident réfugié en Occident, qui affirma aussi que la police de Lhassa avait reçu l'ordre de Pékin de provoquer un incident. Le gouvernement chinois pour sa part avait fait état d'une douzaine de morts les 5 et 6 mars 1989.

Les autorités chinoises ont installé des caméras de surveillance à Lhassa pour contrôler les manifestations éventuelles. De nombreuses associations internationales dénoncent une répression de la religion au Tibet, comme l'illustrent par exemple la mise en résidence surveillée de Gedhun Choekyi Nyima, en 1995, juste après sa reconnaissance comme 11e panchen-lama par le 14e dalaï-lama, ou la destruction en 2001 de l'institut bouddhiste de Serthar fondé par Khenpo Jigme Phuntsok, également mis en résidence surveillée et disparu dans des circonstances douteuses, ou encore la condamnation à une peine de prison à vie de Tenzin Delek Rimpoché en 2005. La plupart des grands maîtres du bouddhisme tibétain ont été contraints à l'exil, comme l'ont illustré la fuite de Rigdzin Namkha Gyatso Rinpoché en 1998, et celle à la veille de l'an 2000 du 17e Karmapa, Orgyen Trinley Dorje.

En mars 2008, des manifestations de moines contre le pouvoir chinois à Lhassa dégénèrent en violentes émeutes dirigées contre les habitants non tibétains et leurs biens. Elles surviennent quelques mois avant les Jeux olympiques d'été de 2008. D'autres manifestations ont également lieu en dehors de la capitale, en particulier dans la région tibétaine de l'Amdo, autour du monastère de Labrang dans la province du Gansu. Selon les autorités de la Région autonome du Tibet, le bilan est de 19 morts, victimes des émeutiers, et d'un millier de commerces et bâtiments publics détruits. Selon le Gouvernement tibétain en exil, au moins 209 Tibétains seraient morts, victimes de la répression. Des manifestations de soutien aux partisans d'un Tibet indépendant ont eu lieu lors des étapes de Londres et de Paris du relais de la flamme olympique 2008.

Argument politique

Le gouvernement chinois affirme être retourné au Tibet en 1949 afin de libérer le pays des « impérialistes étrangers ». Son peuple vivant sous la domination d'une oligarchie et d'une théocratie féodales. Par exemple, avant la prise de pouvoir des communistes, le servage était légal et pratiqué au Tibet, et les aristocrates et religieux tibétains possédaient 95% du territoire.

Les autorités chinoises affirment que la liberté religieuse est de nouveau assurée depuis 1983 soit 34 ans plus tard...

Que les Tibétains, comme les autres ethnies (appelées « nationalités » en Chine) minoritaires, bénéficient d'une discrimination positive. Par exemple, les étudiants appartenant à l’ethnie tibétaine ont des bonus pour rentrer à l'université, les travailleurs appartenant à l’ethnie tibétaine sont prioritairement recrutés par les établissements publics par rapport à ceux de l'ethnie Han.

Que le Tibet est la seule région de Chine qui bénéficie de soins,  d'éducation primaire, de logement et de nourriture gratuites et que cette éducation est bilingue.

Arguments économiques et sociaux

Le développement économique du Tibet mené depuis des dizaines d'années par la Chine a permis de désenclaver le pays, notamment grâce à la construction de routes, de voies ferrées et d'aéroports, qui favorisent le développement du tourisme, de l'industrie et du commerce dans la région autonome du Tibet.

Depuis 1950, la population tibétaine a été multipliée par trois grâce aux progrès des soins de santé et aux améliorations dans les domaines agricole et économique.

Le correspondant du quotidien économique français Les Echos note en mars 2008 que « Depuis sa « libération » par la Chine, la région a enregistré un recul de la mortalité infantile et de l'analphabétisme ainsi qu'une hausse de l'espérance de vie. » De même, « Les experts indépendants admettent que le PIB du Tibet a doublé entre 2002 et 2007 et que sa croissance annuelle dépasserait régulièrement les 12%. ».

Argument géopolitique

La Chine considère le Tibet comme une région stratégique pour sa sécurité.

Certains considèrent cette présence comme défensive, le Tibet étant « Un immense désert qui fait office de bouclier contre l'Inde, puissance aujourd'hui menaçante » selon le quotidien français Libération.

D'autres, y voient une position potentiellement plus offensive. Pour le géopolitologue Aymeric Chauprade, « celui qui tient le Tibet peut déferler sur la Chine, l'Inde, le Xinjiang et la Mongolie intérieure ».

Statut du Tibet selon le gouvernement tibétain en exil

Le gouvernement tibétain en exil considère la présence chinoise comme une occupation étrangère ayant débuté lors de ce qu'il appelle l'invasion de 1950-1951 par l'Armée Populaire de Libération. Il accuse la politique de la Chine d'avoir été responsable de la mort de 1 200 000 Tibétains, de pratiquer un transfert massif de population Han et de détruire la culture tibétaine, induisant une sinisation culturelle et démographique du Tibet. Depuis 1979, le 14e dalaï-lama ne demande plus l'indépendance, mais une autonomie réelle pour l'ensemble des régions de population tibétaine.

Selon le gouvernement tibétain en exil, plus d'un million deux cent mille Tibétains seraient morts directement ou indirectement du fait de l'occupation du Tibet par la République populaire de Chine entre 1949 et 1979.

Cité par Patrick French, l’historien du droit Warren W. Smith Jr qui a étudié les déficits de croissance de la population, affirme que les statistiques chinoises « confirment les thèses tibétaines d'un nombre massif de morts et réfutent les dénégations chinoises ». Selon ses estimations plus de 200 000 Tibétains « manqueraient » à la population de la Région autonome du Tibet. Le nombre de morts tibétains semble aussi élevé dans les régions du Gansu, du Sichuan et du Qinghai, trois régions où les taux de mortalité au début des années 1960 sont élevés et vérifiables. Si cela est exact, on peut estimer qu'environ un demi-million de Tibétains sont directement morts en raison de la politique appliquée au Tibet par la République populaire de Chine. Concernant la famine en Chine et dans les régions du Tibet, Patrick French indique qu'il n'existe pas de statistique pour le centre Tibet mais il signale que :

« la sauvagerie qui présida à la répression de la révolte contre le pouvoir chinois ne permet pas de savoir si les morts ont été provoquées par la faim, par la maladie, par la guerre ou par les persécutions. »

Par contre des statistiques existent pour les 3 autres provinces chinoises partiellement tibétaines. Ainsi, si pendant la période 1959-1962 (comparé aux données des années 1956 - 1958) le taux global de mortalité augmenta de 115 %, celui des 3 provinces augmenta en moyenne de 233 %150.


 

 


 
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